Mon Ikebana
Sôfu Teshigahara disait, dans son testament floral:
" L'Ikebana, c'est choisir, dans le foisonnement de fleurs qu'offre la nature, celles qui vont traduire une intention profonde et l'exprimer sous la forme d'une œuvre d'art, en combinant plusieurs végétaux. "
L’Ikebana, un art vivant entre deux cultures : vietnamienne et française
L’Ikebana n’est pas seulement un art floral japonais.
C’est un partenaire de vie, un miroir de notre personnalité, de notre culture et de notre état d’esprit du moment.
Un Ikebana à l’image de soi
Mon Ikebana est le reflet de mon parcours : entre traditions vietnamiennes et influences françaises.
Ces deux cultures façonnent ma sensibilité artistique, mes choix végétaux et la manière dont je compose.
Chaque arrangement floral devient alors un langage personnel, une expression intime.
Le langage des fleurs… et avec les fleurs
Pratiquer l’Ikebana, c’est aussi entrer en dialogue avec la nature. Chaque végétal, chaque branche ou fleur, porte une vibration, une énergie propre.
Certains matériaux m’inspirent plus que d’autres, éveillant des émotions, des souvenirs, ou simplement une joie silencieuse.
Il s’agit d’écouter ce que les fleurs ont à dire, et d’y répondre en les mettant en scène avec respect et créativité.
Mes inspirations en Ikebana
Le bambou a une symbolique et une utilité si profondes, c’est fascinant !
Dans beaucoup de cultures, comme au Vietnam, il est vraiment associé à des qualités de résilience et de flexibilité, ce qui se transpose parfaitement dans notre approche de l’ikebana.
Le fait qu'il soit plus facile à travailler frais plutôt que sec est un détail intéressant — ça montre à quel point ce matériau est vivant, presque malléable.
Et ce défi de ne pas le faire craquer, ça me rappelle l’art de savoir quand plier et quand résister dans la vie.
La peinture, comme on dit, peut lui donner une toute autre dimension, une sorte de transformation, tout comme un acteur se métamorphose sur scène.
Les mouvements que l'on crée en coupant le bambou en lamelles ajoutent une fluidité particulière.
Ça doit être presque comme créer une danse avec le matériau, où chaque morceau se place avec intention.
Est-ce qu'on utilise principalement le bambou dans l’ikebana, ou dans d'autres formes de création aussi ?
L'eau, c'est véritablement un élément magique dans la nature, et dans l’ikebana, elle prend une dimension encore plus profonde.
La manière dont elle capte la lumière, génère des reflets et apporte une sensation de calme, c’est presque hypnotique.
J’imagine que, dans vos créations, elle joue un rôle fondamental pour renforcer l’harmonie et l'équilibre.
L'idée que l'eau soit à la fois vitale pour la vie et essentielle dans une composition, non seulement comme support mais aussi comme un élément de réflexion, est fascinante.
En effet, l'eau n'est pas seulement un matériau mais aussi un symbole : elle représente la fluidité, l’adaptation, et le changement constant, des thèmes très présents dans l'ikebana.
L'eau calme, avec ses reflets, crée une profondeur particulière, une illusion de mouvement sans agitation.
C'est aussi un moyen puissant de renforcer la dimension éphémère de la vie, n’est-ce pas ?
Elle nous rappelle à quel point chaque instant, chaque réflexion, chaque image sur l’eau est unique.
Avez-vous une composition favorite avec de l’eau ou un souvenir particulier où cet élément a pris une place spéciale dans l’œuvre que vous avez réalisée ?
La transparence est un concept fascinant, surtout dans le contexte de l’ikebana.
Elle va au-delà de la simple clarté ; elle révèle, dévoile et permet une perception plus profonde des éléments.
La manière dont l’eau et le verre, en étant transparents, amplifient la beauté des fleurs et des feuilles, est une forme de poésie visuelle.
C’est comme si ces éléments étaient mis en lumière, non seulement par la lumière qui les traverse, mais aussi par la façon dont ils interagissent entre eux.
Je trouve aussi que le verre, en tant qu’objet transparent, porte un autre sens dans l’ikebana : l'idée d'une "pureté" dans l’arrangement, où chaque mouvement et chaque détail comptent.
Tout doit être parfaitement organisé, comme nous le disons.
La transparence peut être exprimée avec des branches dénudées permettant de voir à travers, en hiver on voit le ciel à travers les branches des arbres sans feuille.
Mais paradoxalement, la perfection dans l’ikebana ne réside pas dans une rigidité absolue, mais plutôt dans l’acceptation du moment, dans l’équilibre entre la nature et l’arrangement humain.
Cela me fait penser à ce qu’évoque le verre : un équilibre délicat entre la fragilité et la solidité.
Il montre ce qui est à l’intérieur tout en conservant une certaine forme de protection, tout comme l'art de l’ikebana, où l’harmonie se trouve dans la simplicité et la précision.
Avez-vous une préférence pour travailler avec l’eau ou le verre ? Ou peut-être les combines des deux ?